Un outil pour détecter les vulnérabilités

18 janvier 2024

Quand l'outil est-il utilisé ?

A l’UZ Brussel, l’outil Born in Belgium Professionals (BIB) est utilisé depuis plus de deux ans pour dépister la vulnérabilité psychosociale pendant la grossesse et proposer des parcours de soins adaptés aux futures mamans.

L’outil consiste en un questionnaire qui permet de dépister la vulnérabilité psychosociale. Il est généralement proposé par les sages-femmes au cours du premier trimestre de la grossesse, par exemple pendant une première consultation prénatale à l’hôpital, à condition que la femme enceinte ait été correctement informée et qu’elle ait donné son consentement.

Zeynep : « Lorsqu’elle se rend pour la première fois chez un médecin à l’hôpital, elle est informée brièvement sur le projet Born in Belgium Professionals et l’idée est de l’inscrire sur la liste des consultations prénatales dans un délai d’environ deux semaines afin de lui proposer le questionnaire. Cependant, il serait utile qu’un pop-up apparaisse systématiquement dans le dossier prénatal pour rappeler aux prestataires de soins de programmer le questionnaire BIB. »

Combien de sages-femmes utilisent l’outil ?

Il y a 5 sages-femmes qui consultent et elles ont toutes eu l’occasion de suivre la formation « dépistage non stigmatisant des risques psychosociaux ». En pratique, il existe des listes spécifiques (« listes BIB ») tenues par deux sages-femmes. L’objectif est de proposer systématiquement le questionnaire complet à toutes les femmes enceintes, après avoir reçu leur accord.

Comment se déroule le dépistage ?

Zeynep : « Je commence par me présenter à la femme enceinte, puis je prends le temps de lui demander comment elle va. Je procède aux examens médicaux et m’assure que la maman entend bien le cœur du bébé. Ensuite, je lui parle de Born in Belgium et lui explique qu’à l’UZ Brussel, nous sommes disponibles pour l’aider non seulement sur le plan médical, mais aussi sur le plan du bien-être psychologique. Nous disposons d’un questionnaire à cet effet, qui n’est pas obligatoire mais qui peut aider à détecter certaines vulnérabilités le plus tôt possible au cours de la grossesse et à apporter de l’aide si nécessaire. J’explique cela calmement et presque toutes les femmes acceptent de répondre au questionnaire. Je lui explique qu’il comporte des questions délicates et j’essaie de bien les formuler. Je lui dis également que ses données personnelles sont conservées de manière sécurisée et ne sont visibles que par les professionnels de santé avec lesquels elle a une relation thérapeutique. »
« Je pose les questions avec beaucoup de précaution et je lui donne la possibilité de réagir si elle en ressent le besoin. Pour nous, c’est utile que l’outil soit intégré dans le dossier de grossesse. De nombreuses vulnérabilités sont régulièrement mises en évidence, comme des problèmes financiers ou de logement. Souvent, des problèmes psychologiques apparaissent également, comme l’anxiété ou la dépression. Parfois, il y a eu des expériences traumatisantes. »

Comment se fait l’orientation ?

« Si le questionnaire détecte des vulnérabilités, nous orientons les patientes vers les services appropriés. Pour les problèmes psychologiques, nous pouvons nous adresser au psychologue de la consultation prénatale. Certaines femmes enceintes sont ouvertes à cette idée, d’autres sont plus réticentes. Cependant, elles savent que l’aide est là et parfois elles décident d’y recourir plus tard dans la grossesse. En cas de problèmes socio-économiques, nous demandons s’il existe déjà une aide et nous nous adressons parfois à Kind & Gezin qui ont une consultation hebdomadaire à l’UZ Brussel. Nous nous adressons aussi régulièrement à des services d’aide sociale, comme le CAW ou le CPAS. Parfois, nous renvoyons également vers les services sociaux de l’hôpital, par exemple en cas de toxicomanie ou de graves problèmes de logement. »

Y a-t-il plus de consultations pluridisciplinaires maintenant ?

Zeynep : « Oui, il y a des consultations multidisciplinaires mensuelles, au cours desquelles les cas les plus vulnérables sont discutés. Une telle consultation réunit le personnel infirmier, les sages-femmes, un gynécologue, un psychologue, un psychiatre et un pédopsychiatre. En tant que sage-femme, j’y participe également. S’il y a des points d’intérêt importants, je les note en haut du dossier pour que tout soit bien visible. Il arrive aussi que nous ouvrions l’outil Born in Belgium pour voir s’il y a des points d’action. Les collègues de Kind & Gezin ont également accès à l’outil et y inscrivent parfois des notes ou indiquent si quelque chose d’important a changé. »

Y a-t-il également un nouveau dépistage ?

Zeynep : « Non, nous n’avons pas encore cette habitude, notamment par manque de temps, mais nous demandons lors de la consultation suivante si certaines choses ont été réglées, par exemple, la mutuelle, ou si la femme a eu l’occasion de consulter un psychologue. S’il y a des éléments importants, nous les ajoutons au dossier médical. »

Quel est l’impact de l’outil sur la relation avec les femmes enceintes ?

Zeynep : « Il y a un impact positif sur la relation avec les femmes enceintes. La plupart d’entre elles trouvent l’outil utile et sont reconnaissantes que l’on s’intéresse à leur bien-être. La majorité d’entre elles sont agréablement surprises. Bien que nous n’offrions pas de solution miracle à leurs difficultés, les parcours de soins que nous leur proposons leur permettent d’aborder certains problèmes dès le début de la grossesse afin d’offrir à leur bébé le meilleur départ possible. »

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